Le Mega CD, Histoire d'une console controversée

En 1990, SEGA a déjà sorti la Mega Drive depuis quelques années au Japon. Voyant que Nintendo, son concurrent de toujours prépare une console pour prendre la relève de la Nintendo Entertainment System, SEGA décide de rechercher un moyen pour contrer celle-ci. Quelque chose doit être fait pour sauver la Mega Drive qui faiblit, mais quoi ?

La compagnie du hérisson bleu trouve sa réponse dans la nouvelle technologie qui fait son apparition sur le marché. En effet, c’est à ce moment là que les premiers lecteurs CD sortent pour les PC. Dérivé de la technologie brevetée par Sony et Philips, le Compact disc (CD) audio, les possesseurs de PC se retrouvent avec un support permettant de stocker énormément de données (jusqu’à 500 MB). Bien que ça ne soit pas impressionnant pour nous aujourd’hui, il faut savoir qu’en 1990 la taille d’un disque dur ne dépassait que rarement les 200 MB. Maintenant, avec l’invention du CD, il est possible de stocker presque trois fois plus de donnés que sur votre disque dur. Les applications semblent énormes et l’arrivée du CD est un des facteurs déclencheur d’un évènement que l’on nommera la révolution du multimédia.

Mais le CD est directement dérivé d’une technologie qui existait déjà : le disque laser. A la fin des années 1980,des jeux d’arcades furent crées à partir de ce procédé. Le surprenant Dragon’s lair de Don Bluth, sorte de dessin animé (très peu) interactif montrait ce que cette technologie permet de créer. Mais ces vielles machines d’arcades étaient encombrante et difficile à entretenir.

Le CD prit donc au fur et à mesure la place du disque laser. En effet, ils permettent un stockage assez important et donc beaucoup plus de place pour la création de nouveaux jeux. La video, gourmande en mémoire, peut donc faire son apparition sur console. Avec l’utilisation judicieuse des nouvelles méthodes de compressions, les compagnies de jeux vidéo purent très rapidement inclure de nombreuses scènes cinématiques et de la musique de meilleure qualité. C’est le souhait de nombreux joueurs qui se réalise enfin après de nombreuses années d’attentes.

SEGA est très intéressé par cette nouvelle technologie, et comme a son habitude de tenter ce que les autres n’ont pas encore osé faire, elle décide de baser sa future console sur cette technologie. Elle choisi de garder comme base une Mega Drive, sur laquelle on viendra ajouter le nouvel appareil. Il faut toutefois savoir que SEGA n’est pas la première entreprise de jeux vidéo à avoir utilisé cette nouvelle technologie. En effet, c’est NEC est la pionnière dans ce domaine avec sa  console de salon PC-Engine CD (ou TurboGraphx-CD). Les consoles de NEC se vendent bien au Japon à cette époque, privant ainsi SEGA d’une partie des acheteurs attiré par le multimédia. Nintendo, le réel concurrent de SEGA, avoue réfléchir à l’ajout d’un lecteur CD sur sa Super Nintendo. Nintendo travaille sur ce projet avec Sony dont le nom de code était Playstation. Toutefois ce projet n’abouti jamais.

SEGA décide de s’investir a fond dans sa nouvelle console et ainsi exploiter au maximum les nouvelles technologies incorporés dans son nouvel hardware. Malheureusement, en pariant sur une technologie méconnue, SEGA prit de grands risques.

Le développement et la mise en place de la technologie du CD furent confiés à SEGA Japon, une des compagnies les plus expérimentées dans les nouvelles technologies sur console. En fait, elle a développé cette console en parallèle à deux projet de console 32 Bit (Mars et Jupiter). Ces deux projets, lorsqu’ils arriveront à terme donneront la Saturn. SEGA a d’ailleurs été très ingénieux à ce niveau là. En effet, grâce au Mega CD, elle a appris à se servir de la technologie du  CD qui intégra leur future console de nouvelle génération en 1994.

A L'interieur de la bete

Le Mega CD fut la première console que SEGA greffa à sa Mega Drive, mais une autre extension suivi plus tard : le 32X.
Le résultat final donne une console basée sur une ancienne architecture mais à laquelle on rajouta de nouveaux composants, permettant d’améliorer la qualité visuelle et auditive des futurs jeux.

Nous allons maintenant nous intéresser à ce qu’apporte le Mega CD par rapport à une Mega Drive classique.

Le Mega CD possède cinq éléments majeurs qui pourront faire la différence face à la concurrence :

• il permet, grâce aux CD, d’avoir une plus grande capacité de stockage pour les jeux


• il rajoute des effets de biaxial sprite rotation (la rotation sur deux axes des sprites)


• il apporte l’ultra smooth graphics scaling ( il lisse les graphismes)


• il peut, grâce au standard du CD, lire des morceaux de musique


• et enfin il supporte le FMV ou full motion video (vidéos en plein écran)

Par rapport à une cartouche Mega Drive, le Mega CD peut contenir jusqu’à 150 fois plus de données. La rotation et le lissage sont des standards de l’architecture de la console de Nintendo. L’ajout du Mega CD permet donc a SEGA de faire match égal avec son rival. La lecture de FMV permet a SEGA de créer des jeux plus impressionnant graphiquement que ce que pouvait espérer proposer la Super Nintendo.
Les caractéristiques de la console sont impressionnantes pour l’époque, jugez plutôt par vous même :

Processeurs

• Processeur principal : Motorolla 68000 CPU 16-bits cadencé à 12,5 Mhz (il est synchronisé avec le 68000 CPU de la Mega Drive)
• 8 canaux audio PCM 16-bit avec 8x oversampling a 32 KHz)
• Rehausse les capacités du PCM et du DAC

Graphisme

• Processeur graphique ASIC de SEGA (il gère le lissage, les rotations, les zooms, etc.)
• palette de 128 couleurs utilisables simultanément utilisables grâce au procédé HAM (hold and modify)
• palette de 256 couleurs lors des séquences FMV (CinePak and TruVideo)

Mémoire

• 768K RAM on-board (ajoutée à la mémoire que possède la Mega Drive, double la mémoire de la console)
• 128K RAM dédiées au lecteur CD-ROM
• 128K ROM
• 64K backup RAM (utilisée pour les sauvegardes des jeux)

Connectique

• Custom sidecar connector (pour brancher la Mega Drive au Mega CD)

Stockage

• ISO-9660 Mode 1 compliant 1X CD-ROM drive (transfert de donnée à 150 kbytes/sec)
• 500 MB est la capacité maximum de données que peut emmagasiner un CD-ROM
• CD-ROM compatible avec les formats High Sierra, Red Book (CDDA), et CD+G

Le plus gros point faible du Mega CD fut de garder la palette de couleur et les mêmes échantillons sonores que la Mega Drive. Mais SEGA pensait que ses défauts seraient gommés par toutes les nouveautés que ce support apporterait. Monumentale erreur !

La première compagnie de jeux vidéo allait enfin lancer une console qui faisait rêver toute la planète par les possibilités qu’elle laissait présager.

par DarkWolf de darkwolf.over-blog.com

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